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Les fortes réactions en commentaire à la suite du billet de notre collaborateur Patrick Lévesque (« Jouez à “Flushons Pauline” – les paris sont ouverts!!! ») sont une bonne occasion de mettre au clair que la liberté d’expression est une valeur importante ici, au Globe. Pour la petite histoire, il propose, dans un mode un peu caustique j’en conviens, un jeu où les lecteurs sont invités à deviner le moment où Pauline Marois va donner sa démission comme chef du Parti Québécois. Et bien évidemment, certains péquistes ne sont pas contents, au point de demander à ce qu’on jette le blogueur dehors, jusqu’à accuser notre « média » de mener cette action…
Pensez-vous vraiment que j’aurais pu me regarder dans le miroir après avoir censuré ce billet (que nous n’avons aucunement commandé…), seulement pour ménager la sensibilité de certaines personnes, alors que la question de la place de Pauline Marois à la tête de son parti est d’actualité depuis fort longtemps? Sinon, je suis bien d’accord qu’on puisse affirmer son désaccord devant le résultat, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Ça tombe que ça ne me blesse pas du tout qu’on utilise la situation de Pauline Marois pour en rigoler sarcastiquement, mais ça reviendrait exactement au même si ça touchait une de mes cordes sensibles, j’aurais la même attitude. J’ai invité Patrick Lévesque à participer au site Le Globe parce que j’aime ce qu’il fait, même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui. D’ailleurs, il a critiqué fortement le premier billet officiel que j’ai publié ici et il ne me serait jamais venu à l’esprit de le censurer. Sa liberté d’expression me tient autant à coeur que la mienne, et tant qu’il ne fait pas de diffamation, je ne vois pas où est le problème de le laisser s’exprimer!
Et au sujet de la direction idéologique que prennent nos blogueurs quand ils discutent de politique, vous aurez sans doute remarqué qu’ils penchent pas mal à gauche et que la plupart sont souverainistes. C’est bien normal, puisque j’ai fouillé dans mon réseau pour faire mes approches, et qui se ressemble s’assemble, c’est bien évident. Mais j’ai quand même approché quelques blogueurs de droite pour diversifier la palette des opinions (je ne me suis même pas forcé, je trouve plein de blogueurs de droite intéressants), mais malheureusement aucun n’a accepté mon invitation. J’espère que ça viendra, et pas seulement pour couper l’herbe sous le pied des spécialistes de la catégorisation à outrance. Mais j’ai quand même un doute, justement pour la raison de la catégorisation : qui voudrait s’acoquiner d’une bande de gauchistes… Et en plus de la droite, ce seul billet de Patrick Lévesque vient-il de nous mettre à dos les péquistes partisans de Pauline Marois? Et si on inclut un jour un ou plusieurs blogueurs de droite, est-ce qu’on va se mettre à dos la gauche? J’ai l’impression que oui, alors j’ai mal à ma conception de la liberté d’expression qui voudrait bien une plus grande diversité d’opinions. Tout cela me fait penser que nous aurons notre première réunion d’équipe dans pas trop longtemps, est-ce que vous nous conseillez de donner la directive à nos collaborateurs de ménager le plus possible la chèvre et le chou? Aussi bien fermer boutique tout de suite.
Nous avons eu d’autres critiques qui rejoignent la question de la liberté d’expression et qui concernent le choix de certains auteurs de rester anonymes. La plupart ici signent de leur vrai nom, mais je me dois de respecter le choix de ceux qui en ont décidé autrement, et ce n’était pas quelque chose qui m’importait alors que je cherchais des collaborateurs. Pourquoi? Parce qu’à la base je crois que c’est leur contenu qui est le plus important. Et puis, les empêcher de s’exprimer pour cette raison reviendrait à dire qu’il n’y a aucune bonne raison de vouloir garder cachée son identité réelle. Je pense à plein de blogueurs qui sont enseignants et qui sont anonymes surtout parce que ça leur permet de critiquer le milieu de l’enseignement sans craindre des représailles. Et sans cet anonymat, ces opinions et informations importantes ne pourraient être exprimées. Alors dans ces cas, la liberté d’expression est vraiment possible grâce à l’anonymat, quoiqu’en disent les zélateurs de l’identité réelle. Mais le plus drôle, c’est que je remarque que la plupart du temps c’est surtout utile (et facile) de pointer l’anonymat de quelqu’un pour dénigrer son contenu, comme si c’était la seule présence d’un prénom et d’un nom plausible qui donnait de la légitimité à une opinion. Derrière un pseudonyme il y a quand même un cerveau, et c’est ce cerveau qui m’intéresse! Et si un jour un auteur anonyme nous cause des problèmes légalement, il devra autant en répondre qu’un autre, nous connaissons leur vraie identité. Et il faut à mon avis faire une différence entre un blogueur citoyen et un journaliste : pour le deuxième c’est son travail de se mettre possiblement dans l’eau chaude alors que pour le premier il est possible de se mettre dans l’eau chaude pour son futur travail!
Il est depuis quelque temps possible pour un programme de pondre des nouvelles journalistes simples dans le domaine des sports, mais je doute qu’un jour on réussisse à inventer un programme capable de pondre un texte d’opinion. Alors, on peut toujours être certain qu’il y a un humain derrière. Et cet humain à bien droit à la liberté d’expression.
(Photo : markfive)